Lorsque que l’on aborde le thème du logement, il convient de faire quelques précisions afin d’avoir une vision globale de la situation.
Aujourd’hui en France, 12 millions de personnes sont en situation de fragilité de logement, 3,5 millions sont « mal-logées ».
La situation s’est aggravée notamment pour les plus exclus : le nombre de SDF a augmenté de 50 % en 10 ans, et aujourd’hui c’est plus de 141 000 adultes et enfants qui vivent dans la précarité, en hébergement d’urgence, en centre d’accueil, à l’hôtel.
Parmi eux 9% sont sans abri, condamnés à des conditions de vie inhumaines et inacceptables.
Les profils se sont diversifiés : outre les familles, dont le nombre a bondi, de plus en plus de jeunes, de demandeurs d’asile, et de malades psychiatriques sont à la rue faute de prise en charge sociétale. Près de deux sans-domicile sur cinq sont des femmes. Un quart d’entre eux ont pourtant un emploi, près de la moitié sont au chômage et plus du quart sont inactifs.
Être sans domicile, c’est être aussi dans des conditions de vie qui dégradent l’intégrité physique et psychique rapidement. Nettement plus courte que celle de la population générale, l’espérance de vie des personnes à la rue est de 49 ans, selon le « Collectif des Morts de la Rue ». Pour mémoire, ce collectif a comptabilisé le décès de 498 personnes sans domicile en 2015. Un chiffre sans doute très inférieur à la réalité, comme l’a montré une étude épidémiologique récente qui l’estime à au moins 2 000 par an. Les dispositifs d’aide ne sont plus adaptés et se sont engorgés. Ainsi 1,8 million de ménages est en attente d’un logement social, alors que seulement 450 000 sont attribués chaque année et 2,6 millions de logements sont vacants, paradoxe de l’offre et la demande.
Comment est-il possible que, 63 ans après l’appel de l’Abbé Pierre, la situation soit toujours aussi dramatique dans notre pays ?
Après tant de promesses politiques non tenues, il est grand temps de relancer une politique du logement cohérente et ambitieuse, pour stimuler la production de logements sociaux et la mobilisation du parc privé tout en appliquant enfin l’encadrement des loyers.
Une politique du logement plus juste qui se soucie en priorité des plus défavorisés, rendant impératif le relogement des ménages prioritaires DALO (droit au logement opposable) et mettant en œuvre le « Logement d’abord », accompagnée d’une véritable prévention des expulsions locatives, des évacuations de terrains, des logements vacants ou bidonvilles sans solution digne.
Dans l’urgence, chaque citoyen a aussi le pouvoir d’agir pour changer les choses ; n’attendons pas le prochain drame, déposons des denrées, ouvrons nos portes, nos abris, nos garages, afin que « Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l’asphalte ou sur les quais de Paris. » Abbé Pierre, 1954. •